Le tableau met en scène un grand personnage agenouillé qui occupe tout l’espace de la toile en adoptant une position un peu à l’étroit à l’intérieur du cadre. Il est assis sur ce qui semblent être de petites grottes mettant en valeur des éléments de vaisselle. Ces deux éléments sont travaillés dans les nuances de blancs, tirant vers l’ocre pour le personnage et vers le rose pour les pièces de vaisselle. 

Du côté formel, la composition est statique et met de l’avant des formes très organiques. L’harmonie qui ressort de la toile est un clair-obscur opposant les nuances de blanc aux teintes de rouge très sombres. Les regroupements d’objets dans certaines parties du corps attirent le regard et proposent une répétition et un rythme plus soutenu. La couleur rouge est symbole de l’origine. Ici, elle peut à la fois être interprétée comme un refuge pour ce personnage qui se retrouve d’un coup avec beaucoup d’amertume ravalée ou plutôt être vue comme un lieu de développement de vie (en référence au ventre d’une mère) qui est devenu trop petit pour ce personnage prêt pour une étape prochaine. 

À l’intérieur du personnage se retrouve une multitude de petits objets en mi-relief, pour la plupart peints en blanc, cousus à même la toile. Ils sont intégrés de manière plus ou moins discrète selon leur couleur et la mise en valeur du fil. J’ai voulu travailler sur le thème de ce qui habite un corps et mon intention initiale était de représenter tous les « vacarmes » que l’on avale sur notre chemin, tout ce monde extérieur que l’on mange malgré nous en grandissant. Dans le tableau, le personnage en question aurait tellement mangé et aurait maintenant tellement de ces « cailloux dans le ventre » qu’il serait à l’étroit dans l’espace. À la fois ces « vacarmes » sont très discrets et se fondent presque au personnage, à la fois leur présence est assez envahissante. De la même manière, les petites violences que nous récoltons et intégrons en nous sans même le remarquer finissent par prendre énormément de place, qu’elles soient adoptées ou refoulées. La vaisselle symbolise très littéralement l’idée d’un festin en lien avec les objets avalés. Elle est cependant très propre et bien rangée ce qui évoque la subtilité des « vacarmes » qui sont parfois inaudibles lorsque rencontrés seuls et dans un contexte poli.